Tous les magasines féminins s’en font l’écho, la décrivent, la décortiquent…
Les livres liés à la maternité regorgent d’exemples et d’avertissements divers, la dépression post-partum touche toutes les femmes venant de mettre au monde un enfant, qu’il soit son premier ou non, quelque soit l’âge et le milieu sociaux-culturel de la femme.
Mais personne ne se sent vraiment concerné, surtout durant la grossesse, aucune femme ne peut s’imaginer en « déprime » dans ce moment si heureux qu’est la naissance de ce petit être si désiré…
Et de fait, toutes ne vont pas repérer et comprendre cet état émotionnel.
D’ailleurs cette « dépression » n’en est pas une au sens ou, elle ne plonge pas toutes les femmes dans un état caractéristique de la dépression.
Cet « état » est en outre très variable d’une femme à l’autre, d’un accouchement à un autre.
Pourtant c’est un moment clé de la vie d’une mère, c’est un moment qui peut être éphémère mais qui à du sens dans ce trajet si complexe de la maternité, dans ce lien si ténu d’une femme à son enfant. C’est aussi un état qui peut perdurer des mois…
Je rencontre en thérapie des femmes qui reviennent quelque fois des années après leur accouchement, sur ces moments douloureux et souvent vécu dans la culpabilité.
La dépression post-partum est un état de déstabilisation émotionnelle intense, un vécu qui surprend par son caractère incongru, qui désarçonne par son intensité. Pour certaine femme les manifestations se bornent à des crises de larmes durant quelques heures voir quelques jours. Pour d’autres, la colère et l’agressivité à l’égard de l’entourage vont tenter de masquer la tristesse inexprimable et inexpliquée qu’elles vivent en secret.
Enfin pour certaines, les doutes et l’angoisse s’installent, ce qui perturbe les premiers liens avec l’enfant.
Si chaque femme vit cette « mini déprime » de façon singulière et subjective, rare sont celles qui en parlent.
En effet, les femmes ne s’autorisent pas à exprimer la confusion émotionnelle qui les envahit après l’accouchement.
D’ailleurs l’entourage n’a d’yeux que pour le bébé, n’a de cesse de la féliciter là ou elle se sent dans une profonde solitude.
Elle ne parle donc pas, se tait sur ses doutes, sur ses peurs et « déprime » en silence et ce, au milieu d’un contexte souvent très joyeux.
Le décalage entre son état intérieur et la réalité peut plonger la femme dans une dépression plus ou moins intense, plus ou moins longue et de fait plus ou moins sévère.
La culpabilité est souvent une dimension prégnante dans ce vécu.
Culpabilité de ne pas avoir envie de s’occuper de son enfant, peur de ne pas « être à la hauteur », envie d’être materné plutôt que de materner.
Oui mettre au monde un enfant bouleverse l’équilibre physique et mental de la femme, cela démobilise et perturbe ses champs affectifs et psychiques.
Il ne faut donc jamais traiter à la légère cette étape qui suit la naissance, jamais oublier que si le nouveau né a besoin de beaucoup d’attention, la mère aussi est fragilisée.
Elle aussi doit s’adapter à une nouvelle étape, elle aussi doit se séparer de l’enfant qu’elle a porté et qui est aujourd’hui dans une réalité bien différente de celle qu’elle avait imaginé.
Elle aussi doit être portée, et accompagnée. Plus elle se sent fragile plus elle se sent coupable, plus elle est coupable plus elle se fragilise.
Toute femme s’est demandée un jour ou l’autre si elle était à la hauteur des responsabilités qui incombent à la mère, toute mère s’est vue au moins une fois ne pas se sentir capable.
La dépression post-partum est une étape qui quand elle se comprend annonce déjà les premières compétences de mère, les premiers éléments pour construire le lien avec l’enfant.
C’est donc en soi une étape constructive et nécessaire.
Joelle Levy – Psychologue a Tel Aviv
Cabinet Francophone de Psychologie Clinique a Tel Aviv