Agressions au couteau, voitures « béliers » et attaques terroristes sont actuellement l’objet de toutes nos craintes, de toutes nos vigilances et bien sûre de toutes nos angoisses.
La violence aléatoire est imprévisible, la cruauté non métrisable, tout ceci nous fait craindre pour nos vies et celles de nos enfants. Certes les parents s’organisent et tentent d’établir au mieux une protection pour leurs enfants.
Mais qu’en est-il des explications données a l’enfant ?
Que répondre sur les raisons de telles agressions sans générer plus d’angoisse ?
Faut-il solliciter la vigilance de l’enfant ?
Doit-on l’autoriser a voir ces fameuses vidéo d’agressions et d’attentats ?
Mes patients, s’interrogent sur la posture a adopter face à l’enfant, ils cherchent comme nous tous à éviter cette « psychose » qui pourtant les gagne eux même.
Et c’est bien cela qui est anxiogène pour l’enfant, car celui-ci attend que le discours soit rassurant, que les réponses soient claires, que les indications soient le reflet de la force parentale ….
Comme durant la guerre, les enfants sont moins armés que nous pour élaborer et comprendre ces tensions, mais ils ont ce que nous adulte n’avons plus, cette aptitude à s’en remettre aux parents pour calmer ses angoisses !!!
Ainsi, l’âge de l’enfant est primordiale pour définir qu’elle forme doivent revêtir les explications, mais le fait est qu’ils ont tous besoin que leurs parents expliquent, disent et commentent ces événements.
Mes patients me disent être eux même trop envahi par l’angoisse pour en parler avec leurs enfants et préfèrent souvent éviter les questions si dérangeantes, ils inventent des prétextes pour ne pas aller au centre commercial ou font mine de ne pas entendre peurs et lamentations.
Chaque parent fait ce qu’il peut et il n’est pas question de les blâmer. Pourtant il est incontournable de préférer le dialogue au silence, l’explication si approximative soit-elle aide l’enfant à mesurer la solidité de ses parents. Car en fait, toutes les questions de l’enfant tourne autour de leur besoin de se sentir protégé. Les peurs des parents sont légitimes mais doivent s’exprimer avec mesure et toujours accompagnées des raisons pour lesquelles on « fait attention » ou « on limite les sorties » etc
Le mensonge amplifie l’angoisse de l’enfant, la banalisation discrédite la force de protection parentale. Par ailleurs, il est impératif de ne pas laisser les enfants visionner seules les images de tueries, de ne pas les laisser livré a eux même face a ces violences qu’ils ne peuvent pas mentaliser.
Ainsi, et c’est fort complexe, il est question de trouver la bonne mesure, dire la vérité sur le contexte sans en amplifier la charge émotionnelle.
Un jeune pré-adolescent de 12ans pour sa part, m’évoque lors de notre dernière séance ses peurs de voir un terroriste « débarquer » dans l’école…Je lui demande si son école est gardée à l’entrée, est ce qu’ils en ont parlé en classe, et tente de l’amener à verbaliser ses craintes, mais en vain, il préfère ne « pas y penser ». Finalement je comprend qu’il n’est pas retourné à l’école depuis quelques jours, sur décision de ses parents !!!!
Si je comprend la charge anxieuse inhérente à cette situation je ne peux évidement valider une telle stratégie qui isole l’enfant de son groupe de paires, le renvoi à une position de passivité et d’impuissance…
Nous avons finalement fini la séance avec son père et avons tenté ensemble de trouver des solutions appropriées…